Montreuil : un squat LGBTI+ évacué par les forces de l'ordre

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Le collectif queer La Baudrière a été expulsé du squat qu'il occupait depuis près de deux ans par les forces de l'ordre.

Loch Earn / Shutterstock
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Mardi 22 août, à 6h, a eu lieu à Montreuil (Seine-Saint-Denis) l’expulsion des habitants d’un immeuble occupé par le collectif queer La Baudrière depuis novembre 2021. Cent officiers des forces de l’ordre, parmi lesquels la Brav-M, la BAC, la BRI, ainsi que des cordistes, des pompiers, des techniciens et un drône ont été déployés sur tout le périmètre pour expulser la cinquantaine d’occupants. L’ opération a durée plus de 5h durant lesquelles le collectif a résisté et s’est barricadé à l’intérieur du bâtiment puis sur le toit. Les occupant·es « dansaient et chantaient » et se sont défendu·es « avec des confettis et des barricades pour résister le plus longtemps possible, pour continuer à faire vivre l’autonomie TransPédéGouine féministe », explique le collectif dans un communiqué.

Expulsables depuis le 21 août dernier, La Baudrière a fait ce qu’elle pouvait pour continuer à occuper l’immeuble. « Devant la détermination des occupants à se maintenir dans les lieux, d’importants moyens ont été mobilisés », déclare le préfet de la Seine-Saint-Denis, Jacques Witkowski, dans un communiqué.

Selon un bilan provisoire de la préfecture, une vingtaine de personnes ont été interpellées, tandis qu’un communiqué de La Baudrière annonce qu’« au moins 44 personnes » ont été mises en garde à vue. D’autres individus du quartier, venus soutenir le collectif, ont aussi été embarqués.

Cette semaine, La Baudrière devait pourtant accueillir Les Digitales, un festival écologique où était censé intervenir le Convoi de l’eau, un collectif opposé aux mégabassines et proche des Soulèvements de la Terre, récemment dissous par le gouvernement. Dans un post Instagram relayé par La Baudrière, la Coordination des Luttes Locales d’IDF laisse entendre que ça pourrait ne pas être une coïncidence : « La date de cette expulsion est conçue pour porter le coup le plus fort à nos luttes et éviter une médiatisation de cette zad urbaine », peut-on lire.

Un collectif contre la gentrification

Sur son site Internet, La Baudrière se définit comme « un squat anarcha-féministe transpédégouine » qui souhaite lutter pour « empêcher la concrétisation d’un énième projet immobilier gentrifieur et freiner la spéculation immobilière ». Depuis près de deux ans, le collectif occupait cet immeuble qui accueillait ceux qui en avaient besoin et où avaient lieu des réunions, évènements, et discussions militantes. « Squatter, c’est une manière de lutter contre la propriété privée, qui a produit précarité, mal-logement, isolement et ravage écologique », peut-on lire sur leur site.

De plus, La Baudrière assume son engagement queer et son statut de lieu communautaire, où « on peut se retrouver entre nous, partager nos vécus, faire des fêtes ultra stylées, pas flipper, et devenir collectivement plus solides, construire une forme d’autonomie transpédégouine ».

Une manifestation a été organisée le soir-même place de la République, en soutien au collectif.