Raphaël Cioffi, auteur de « Drag Race France » : « J’ai été ultra impressionné par l'investissement de chaque queen »

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L'auteur et showrunner de « Drag Race France », c'est lui ! Raphaël Cioffi a adapté l'émission iconique de RuPaul Charles et la première saison, diffusée sur France.tv a été un grand succès. Il s'est entretenu avec Komitid sur les coulisses du show, les queens, le spectacle live et Nicky Doll.

Raphaël Coffi, auteur et show runner de « Drag Race France » - Nicolas Costy / Junzi Arts

L’auteur et showrunner Raphaël Cioffi est un homme pressé. « J’espère pouvoir dormir un jour, mais là c’est pas possible ! », nous confie-t-il en riant durant l’interview qu’il a accordée à Komitid.

Après l’écriture et le tournage de Drag Race France, l’émission diffusée sur France.tv, il est sur la tournée du « Légendaire Cabaret Club », un spectacle qu’il met en scène et qui est déjà un énorme succès. C’est d’ailleurs de Lille qu’il nous a rappelé, le 8 septembre dans l’après midi, s’extrayant pendant quelques minutes des répétitions du show du soir au Théâtre Sébastopol (1450 places prises d’assaut).

Komitid : Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours ?

J’ai été auteur pendant 10 ans pour Canal+, d’abord au « Grand Journal » (pour la page météo de Charlotte Le Bon) puis pour « Catherine et Liliane ». J’ai aussi travaillé pour Jean Paul Gaultier, et en particulier j’ai écrit le livret du spectacle « Fashion Freak Show ». Ce que j’aime faire, ce sont des choses fortes, mais qui plaisent autant à mes amis pédés qu’à mes parents.

Êtes-vous surpris par le succès de cette tournée Drag Race France ?

Ce sont surtout les hétéros qui ont des épiphanies (rires). Plus sérieusement, ça surprend ceux qui n’étaient pas habitués. Mais de ma part, je connais bien la scène drag et elle est présente tous les soirs dans de nombreuses villes. Ce qui change, c’est que le public est différent. L’émission télé a clairement élargi le public. Je l’ai répété souvent, je suis content d’en parler en tant qu’auteur gay, mais je tenais aussi beaucoup à fédérer, à rassembler.

« J’ai été ultra impressionné par l’investissement de chaque queen. »

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant la préparation et le tournage de l’émission télé ?

C’est comme un sport de combat. Nous avions deux jours de tournage par épisode. Il faut imaginer ce huis-clos, qui était intense. J’ai été ultra impressionné par l’investissement de chaque queen. Elles sont toutes venues avec énormément d’ambition et de professionnalisme. Quant à Nicky Doll, ça a été un bonheur de travailler avec elle. J’ai bossé avec beaucoup de gens et elle m’a bufflé. Elle a les qualités des Américaines… et les qualités des Françaises. Elle est arrivée humble mais elle s’est complètement connectée et elle s’est révélée. Ce qui m’a aussi marqué, c’est l’attitude de toutes les personnes qui ont travaillé sur l’émission. Je les ai vues adhérer complètement et j’ai vécu avec toutes et tous une expérience très forte.

Quelles réactions du public vous ont marquées ?

On reçoit de très nombreux messages et c’est très émouvant, À Nancy, un jeune homme est venu me voir pour me dire que cela faisait des années qu’il essayait de monter des shows drag mais sans qu’aucune salle l’accepte. Grâce à l’émission, ça va pouvoir se faire ! J’ai aussi reçu le témoignage d’une personne trans, qui a eu beaucoup de mal avec ses parents lors de son coming out mais qui m’a confié qu’elle a regardé l’émission avec eux.

De gauche à droite : Kam, Paloma, La Briochée, Elips, La Grande Dame, La Big Bertha, durant la tournée « Drag Race France Live » – Nicolas Costy / Junzi Arts

Que pouvez-vous nous dire de la deuxième saison ?

Je laisse à la chaîne la primeur des informations. Ce que je crois savoir du côté de la scène drag, c’est que toutes les queens ont envie d’y participer.

 Le jury va-t-il évoluer ?

Il y a une vraie adhésion avec le jury, les retours sont enthousiastes, le jury a été apprécié. Pour cette première saison, les mots d’ordre étaient bienveillance et respect. C’était le code de l’émission. Le jury en terme de personnes ne devrait pas évoluer. Ils ont créé une relation dont on aura les bénéfices en saison 2. 

RuPaul Charles vous a-t-il exprimé ce qu’il pensait de la version française ?

Lui-même non. Je sais qu’il essaie de se préserver. Aujourd’hui, il y a tellement de versions ! Fenton (Bailey, un des créateurs du show original « RuPaul’s Drag Race », ndlr) est venu sur le tournage de « Drag Race France » et il a kiffé. Lorsque j’ai proposé l’adaptation française à World of Wonder, ils ont adoré. Mais je me suis aussi beaucoup inspiré de « Drag Race Espana », en faisant en sorte de rester très proche du concept de l’émission originale mais avec l’idée qu’on sache tout de suite qu’on est en France. Et pas seulement parce qu’il y a la Tour Eiffel dans le décor. Et ça, je crois que je l’ai assez bien réussi !