Eric Arassus, co-président de la Fédération sportive LGBT+ : « Si on veut des JO réellement inclusifs, nous devons permettre aux personnes trans de concourir »

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Eric Arassus est co-président de la Fédération sportive LGBT+ depuis deux ans, aux côtés d'Hélène Germain. A la veille de l'ouverture du Tournoi International de Paris, il répond aux questions de Komitid.

Hélène Germain et Eric Arassus,co-président·es de la Fédération sportive LGBT+, en 2029
Hélène Germain et Eric Arassus,co-président·es de la Fédération sportive LGBT+, en 2029 - DR

Eric Arassus est co-président de la Fédération sportive LGBT+ depuis deux ans, aux côtés d’Hélène Germain. Une fédération qui regroupe une soixantaine d’associations sportives. La Fédération sportive LGBT+ organise aussi  le Tournoi international de Paris, qui a lieu cette année du 26 au 28 mai. Le 17 mai dernier, Eric était présent à la conférence de presse organisée par Paris 2024, afin de présenter les actions prévues durant les JO à Paris.

Komitid : Peux-tu nous dire quelles vont être les activités de la Fédération sportive LGBT+ durant les JO de Paris 2024 ?

Eric Arassus : Les héritiers de Paris 2018, les Gay Games, ont monté le projet de la Maison des Fiertés. C’est la Fondation Fier, autour de Manuel Picaud et Pascale Reinteau, qui organise la Maison des Fiertés qui sera à Paris dans le Parc de la Villette. Ce sera un événement, un refuge pour accueillir des événements culturels, mais aussi sportifs pour les personnes LGBT et alliées. La Fédération va surtout aider à fournir des bénévoles pour que l’événement ait lieu, du mois de juin au mois de septembre. La Maison des Fiertés va être ouverte trois mois, et il y aura aussi des pop-up mobiles partout, les JO n’ont pas lieu qu’à Paris, mais partout en France. L’année prochaine, on va aussi organiser le Tournoi international de Paris, mais la chose la plus difficile sera plutôt d’avoir des infrastructures qui seront souvent en travaux ou fermées.

Le Tournoi International de Paris aura 20 ans l’année prochaine. Comment se porte ce Tournoi ?

Le Tournoi International de Paris se porte plutôt bien, cette année il y aura encore plus de participants, puisqu’on arrivera à 2200 athlètes. Nous préparons aussi les Eurogames en 2025 à Lyon et cette année, il y a l’émergence de nouveaux sports comme l’ultimate, le crossfit ou le e-sport. Tout est en place.

Comment la Fédération a-t-elle réagi à la polémique concernant certains joueurs qui ont refusé de porter le maillot aux couleurs du drapeau arc-en-ciel lors de matchs de foot ?

Il faut rappeler un peu quelques éléments de contexte. C’est la sixième édition de cette opération, au début c’était assez peu médiatisé. Il y a eu sept joueurs qui ont refusé de porter le maillot arc-en-ciel. On peut se dire que sept c’est beaucoup, mais ce sont sept joueurs sur 700, ça fait un très petit ratio en vrai. Je ne vais pas rentrer dans les considérations culturelles ou religieuses. Quand on signe en France, on signe la convention de la Ligue française de football, donc ça veut dire qu’on s’engage à porter ce maillot le 17 mai qui est la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. J’espère que ces clubs, je pense à Toulouse, à Nantes, à Guingamp, à Caen, fassent un travail de formation. Il y a des associations qui le font très bien, je pense à l’association de Yoann Lemaire, Foot Ensemble, ou Panamboyz & Girlz United de Bertrand Lambert qui font très bien ces sensibilisations, ainsi que l’association SOS homophobie.

« L’agrément, ça veut dire qu’on pourra former plus de bénévoles et de militants et de militantes »

L’ancien footballeur Ouicem Belgacem, qui a fait son coming out en 2021, expliquait récemment qu’il fallait surtout insister sur la prévention, la formation, l’information…

Ouicem Belgacem a totalement raison. Le problème, c’est qu’aujourd’hui il n’y a pas assez de budget. La ministre l’a annoncé le mercredi 17 mai, notre budget va être augmenté si on obtient l’agrément. L’agrément du ministère des Sports, on est en bonne voie pour l’obtenir, on espère d’ici l’automne.

L’agrément, ça veut dire qu’on pourra former plus de bénévoles et de militants et de militantes. Nous, on fera ces formations en milieu sportif pour aller former des clubs, les centres d’entraînement des jeunes sportifs, et aussi les arbitres.

Comment vois-tu l’évolution dans le monde du sport ? Est-ce que tu dirais qu’il y a des évolutions positives ou qu’au contraire c’est encore très compliqué ?

La Fédération existe depuis 1984, elle n’avait pas ce nom. À la base, c’était des personnes gays et aujourd’hui on tente de représenter vraiment la communauté LGBTQIA+ dans tout son acronyme, et avec toutes ces différences. Les lesbiennes sont encore invisibilisées dans le sport. Mais il y a de plus en plus de sportives lesbiennes qui créent des clubs. Notre fédération est très légitime mais malheureusement je pense qu’il y en a encore pour quelques années, donc il faudra perdurer et pérenniser nos actions en tout cas.

La ministre des Sports Amélie Oudéra Castéra a annoncé le 17 mai la création d’un groupe d’experts pour « favoriser l’inclusion » des personnes trans dans le sport de haut niveau. Qu’en penses-tu ?

On espère que ce qu’a annoncé Amélie Oudéra Castéra le 17 mai, ne soit pas qu’un effet d’annonce. Il faut surtout que le groupe de travail sur les personnes trans se mette en œuvre, et ne fasse pas comme dans certains pays gaéliques ou certaines fédérations, comme la Fédération de l’athlétisme international, ou dans le rugby et la finale de la fédération internationale de natation, qui interdisent les personnes trans du concours. On souhaite qu’il y ait des personnes trans qui concourent durant Paris 2024. Je pense à Halba Diouf, qui est une jeune athlète en athlétisme, qui est sélectionnée par l’équipe de France, sauf qu’ils ont peur. La France a peur de prendre cet engagement-là, et nous devons le faire. Si on veut des Jeux Olympiques et Paralympiques réellement inclusifs, nous devons permettre aux personnes trans de concourir.

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